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Survivre à la canicule : 10 gestes essentiels pour protéger votre jardin méditerranéen en août dans le Var

  • Photo du rédacteur: Romaric JOLY
    Romaric JOLY
  • 6 août
  • 15 min de lecture

L'été 2025 restera dans les mémoires des jardiniers varois. Juillet a été marqué par des épisodes de mistral particulièrement intenses qui, combinés aux fortes chaleurs, ont mis nos jardins méditerranéens à rude épreuve. Dans la région de Toulon et ses alentours, ce vent du nord-nord-ouest, qui souffle en moyenne 100 à 150 jours par an, a montré une fois de plus sa capacité à transformer une simple vague de chaleur en véritable défi pour nos espaces verts.


Le mistral, ce "mangeur de nuages" comme l'appellent les Provençaux, n'est pas qu'un simple vent. C'est un phénomène météorologique complexe qui, lorsqu'il se conjugue avec les températures caniculaires d'août, crée des conditions extrêmes pour la végétation. Sa particularité réside dans sa capacité à assécher l'air de manière drastique, provoquant une évapotranspiration accélérée chez les plantes et un dessèchement rapide des sols, même les plus humides.


Pour nous, jardiniers passionnés du Sud, août représente le mois de tous les défis. C'est la période où nos connaissances, notre anticipation et nos gestes techniques font la différence entre un jardin qui survit et un jardin qui prospère malgré l'adversité climatique. Les plantes méditerranéennes, pourtant adaptées à ces conditions, atteignent leurs limites physiologiques et nécessitent une attention particulière.


Cet article vous propose dix gestes essentiels, éprouvés et adaptés aux spécificités de notre terroir varois, pour traverser sereinement cette période critique. Ces techniques, fruit de l'expérience de jardiniers locaux et de recherches scientifiques récentes, vous permettront non seulement de préserver vos plantations, mais aussi d'optimiser leur résistance pour les années à venir.


Car jardiner dans le Var en août, c'est avant tout comprendre et apprivoiser le mistral, ce compagnon imprévisible qui façonne nos paysages depuis des millénaires.


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Comprendre l'ennemi : le mistral et ses effets sur nos jardins


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Le mistral, un phénomène unique en Méditerranée


Le mistral tire son nom du provençal "magistral", signifiant "maître", et il porte bien son nom. Ce vent catabatique prend naissance dans la vallée du Rhône et s'engouffre vers la Méditerranée en suivant un couloir naturel entre les Alpes et le Massif Central. Lorsqu'il atteint le Var, il a déjà parcouru plusieurs centaines de kilomètres, se chargeant en puissance et en sécheresse.


Dans la région toulonnaise, le mistral présente des caractéristiques particulières qui en font un défi majeur pour nos jardins. Contrairement aux idées reçues, il ne souffle pas uniquement l'hiver. Les épisodes estivaux, comme ceux observés en juillet 2025, sont particulièrement redoutables car ils combinent vitesse du vent, température élevée et faible hygrométrie. Cette triple combinaison crée ce que les météorologues appellent un "stress évaporatif" maximal pour la végétation.


Le mistral suit généralement un cycle de trois jours, parfois plus, avec une intensité qui peut varier de 40 à 100 km/h en rafales. Dans le Var, sa direction nord-nord-ouest le fait buter contre les reliefs des Maures et de l'Estérel, créant des effets de foehn localisés qui accentuent encore son pouvoir desséchant. Les jardins exposés plein nord ou situés dans des couloirs de vent subissent alors des conditions extrêmes.


Les mécanismes de déshydratation des plantes


Lorsque le mistral souffle par temps chaud, il provoque une accélération dramatique de la transpiration végétale. Les stomates, ces petites ouvertures situées sous les feuilles et qui régulent les échanges gazeux, se trouvent confrontés à un dilemme physiologique : rester ouverts pour permettre la photosynthèse au risque de perdre trop d'eau, ou se fermer pour préserver les réserves hydriques au détriment de la croissance.


Les plantes méditerranéennes ont développé des stratégies d'adaptation remarquables : feuilles coriaces, pilosité, cires protectrices, systèmes racinaires profonds. Cependant, même ces championnes de la résistance atteignent leurs limites lorsque le mistral persiste plusieurs jours consécutifs. Les jeunes plantations, les végétaux en pot et les espèces moins adaptées montrent rapidement des signes de stress : flétrissement, brunissement des extrémités foliaires, chute prématurée des feuilles.


Le phénomène est d'autant plus pernicieux que le mistral donne souvent l'illusion de rafraîchir l'atmosphère. Sa vitesse crée une sensation de fraîcheur trompeuse qui peut nous faire sous-estimer les besoins en eau de nos plantes. En réalité, l'effet "wind chill" ne s'applique qu'aux organismes à sang chaud, et les végétaux subissent de plein fouet l'effet desséchant du vent.


L'impact sur les sols varois


Les sols du Var, souvent calcaires et drainants, réagissent particulièrement mal aux épisodes de mistral prolongés. La combinaison vent-chaleur provoque une évaporation accélérée de l'humidité superficielle, créant une croûte de battance qui empêche les arrosages ultérieurs de pénétrer efficacement. Cette croûte, invisible à l'œil nu mais perceptible au toucher, transforme les apports d'eau en ruissellement de surface, privant les racines de l'hydratation nécessaire.


Les sols argileux, présents dans certaines zones du Var, subissent un phénomène différent mais tout aussi problématique : le retrait-gonflement. Sous l'effet du mistral et de la chaleur, ils se contractent et forment des fissures profondes qui exposent les racines à l'air libre et accélèrent encore la déshydratation. Ces fissures, véritables autoroutes pour l'évaporation, peuvent atteindre plusieurs centimètres de largeur et compromettre durablement la structure du sol.


La matière organique, élément clé de la rétention d'eau, se décompose également plus rapidement sous l'effet du mistral. L'oxygénation forcée du sol accélère l'activité microbienne, épuisant plus vite les réserves d'humus. C'est pourquoi les jardins varois nécessitent des apports organiques plus fréquents que dans d'autres régions méditerranéennes moins ventées.

Les 10 gestes essentiels pour protéger votre jardin


Infographie 10 gestes pour lutter contre le mistral


1. Maîtriser l'art de l'arrosage anti-mistral


L'arrosage en période de mistral ne s'improvise pas. Il obéit à des règles précises qui diffèrent radicalement des pratiques habituelles. La première règle d'or consiste à arroser exclusivement en fin de journée, idéalement entre 20h et 22h, lorsque le mistral faiblit généralement. Cette fenêtre temporelle permet à l'eau de pénétrer dans le sol avant que le vent ne reprenne de la vigueur au petit matin.


La quantité d'eau doit être adaptée à l'intensité du vent. Par mistral modéré (40-60 km/h), augmentez vos apports de 30 à 50% par rapport à la normale. Par mistral fort (plus de 60 km/h), doublez les quantités tout en espaçant les arrosages pour éviter le ruissellement. L'objectif est de créer une réserve hydrique profonde que les racines pourront puiser pendant plusieurs jours.


La technique de l'arrosage "en bassine" s'avère particulièrement efficace pour les arbustes et les vivaces. Creusez une cuvette de 5 à 10 cm de profondeur autour de chaque plante, en respectant la projection de la ramure. Cette cuvette, remplie d'eau, constitue un réservoir temporaire qui se vide lentement vers les racines, même par vent fort. Pour les grands arbres, créez plusieurs bassines concentriques à différentes distances du tronc.


L'arrosage goutte-à-goutte révèle toute son efficacité en période de mistral [2]. Ce système permet un apport d'eau lent et régulier, directement au niveau des racines, minimisant les pertes par évaporation. Programmez des cycles courts mais fréquents : 15 minutes toutes les 2 heures plutôt qu'un arrosage massif unique. Cette approche maintient une humidité constante dans la zone racinaire sans saturer le sol.


Pour les plantes en pot, particulièrement vulnérables au mistral, adoptez la technique du double arrosage. Premier passage léger pour humidifier la surface du substrat, puis second passage copieux 30 minutes plus tard quand la terre a retrouvé sa capacité d'absorption. Cette méthode évite le ruissellement et garantit une hydratation homogène du substrat.

2. Le paillage stratégique : votre bouclier contre l'évaporation


Le paillage prend une dimension stratégique cruciale en période de mistral. Contrairement aux paillis légers qui risquent d'être emportés par le vent, privilégiez des matériaux lourds et stables. Les écorces de pin maritime, abondantes dans notre région, constituent un excellent choix. Leur poids et leur forme irrégulière leur permettent de résister aux rafales tout en créant une barrière efficace contre l'évaporation.


L'épaisseur du paillage doit être adaptée à l'exposition au vent. En zone protégée, 5 à 7 cm suffisent. En exposition directe au mistral, n'hésitez pas à monter à 10-12 cm d'épaisseur. Cette couche épaisse crée un microclimat plus stable au niveau du sol, réduisant les variations de température et d'humidité qui stressent les racines superficielles.


Les paillis minéraux méritent une attention particulière dans notre contexte varois. Les galets de rivière, les graviers calcaires ou les pouzzolanes volcaniques offrent une résistance maximale au vent tout en conservant leurs propriétés isolantes. Leur capacité thermique élevée leur permet d'absorber la chaleur le jour et de la restituer la nuit, créant un effet tampon bénéfique pour les racines.


Pour les massifs de vivaces, expérimentez le paillage mixte : une base de matière organique (compost, feuilles mortes) recouverte d'une couche de graviers fins. Cette technique combine les avantages nutritifs du paillis organique avec la stabilité du paillis minéral. Les graviers protègent la matière organique de l'oxydation accélérée causée par le mistral, prolongeant sa durée de vie.


Le timing d'installation du paillage est crucial. Idéalement, procédez en mai-juin, avant les premiers épisodes de mistral estival. Un sol déjà paillé résiste mieux aux agressions climatiques qu'un sol nu que l'on protège en urgence. Si vous devez pailler en pleine période de mistral, arrosez abondamment avant la pose pour créer une réserve d'humidité sous la couche protectrice.


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3. Créer des microclimats protecteurs


La création de microclimats constitue une stratégie à long terme indispensable pour tout jardin varois exposé au mistral. Ces zones de protection ne s'improvisent pas mais résultent d'une planification réfléchie qui prend en compte la topographie, l'orientation des vents dominants et la croissance future des végétaux.


Les haies brise-vent représentent la solution la plus efficace et la plus durable. Contrairement aux idées reçues, une haie brise-vent efficace ne doit pas être totalement opaque. Une perméabilité de 40 à 50% permet de freiner le vent sans créer de turbulences destructrices en aval. Les cyprès de Provence, malgré leur réputation, ne constituent pas le meilleur choix car leur densité excessive génère des tourbillons violents. Préférez des essences à port plus souple comme les lauriers-tin, les pittosporums ou les eleagnus.


La hauteur de la haie détermine sa zone d'efficacité. Une haie de 3 mètres protège efficacement sur une distance de 15 à 20 mètres sous le vent, soit 5 à 7 fois sa hauteur [3]. Cette protection décroît progressivement mais reste perceptible jusqu'à 60 mètres de distance. Planifiez donc vos haies en fonction de la superficie à protéger et de l'espace disponible.


Pour les jardins de petite taille, les écrans temporaires offrent une solution immédiate. Les canisses en bambou, les brise-vents en toile ou les claustras ajourés peuvent être installés rapidement pour protéger les zones les plus sensibles. Veillez à leur ancrage : le mistral peut exercer une pression considérable sur ces structures. Utilisez des piquets métalliques enfoncés de 60 cm minimum et haubanez les écrans les plus hauts.


Les murs et murets existants peuvent être optimisés pour créer des zones d'abri. Un muret de 80 cm à 1 mètre de hauteur, orienté perpendiculairement au mistral, crée une zone calme de 3 à 4 mètres de largeur. Profitez de ces espaces protégés pour installer vos plantes les plus fragiles ou vos zones de détente. L'ajout d'une pergola ou d'une tonnelle dans ces zones d'abri multiplie les possibilités d'aménagement.

4. L'ombrage intelligent : protéger sans étouffer


L'ombrage en période de canicule et de mistral obéit à des règles particulières qui diffèrent de l'ombrage classique. Il ne s'agit pas seulement de réduire l'exposition solaire, mais de créer des zones où l'air reste plus humide et moins agité. Cette approche nécessite une compréhension fine des mouvements d'air et des effets thermiques dans votre jardin.


Les voiles d'ombrage constituent une solution moderne et efficace, à condition de bien les choisir et les installer. Optez pour des toiles avec un taux d'ombrage de 70 à 80% maximum. Un ombrage total empêche la photosynthèse et affaiblit les plantes à long terme. La couleur de la toile influence son efficacité : les teintes claires réfléchissent mieux la chaleur mais offrent moins de contraste visuel, tandis que les couleurs sombres absorbent plus de rayonnement mais créent une ambiance plus fraîche.


L'installation des voiles d'ombrage doit tenir compte de la direction du mistral. Une toile tendue perpendiculairement au vent risque de se transformer en voile de bateau et de subir des contraintes destructrices. Privilégiez une orientation en biais, avec un angle de 30 à 45° par rapport à la direction du vent dominant. Cette inclinaison permet au mistral de glisser sur la toile sans créer de surpression.


Les structures végétales d'ombrage présentent l'avantage de la durabilité et de l'intégration paysagère. Les pergolas végétalisées avec des vignes, des glycines ou des bignones créent un ombrage naturel qui s'adapte aux saisons. En été, le feuillage dense protège efficacement du soleil et du vent. En hiver, la chute des feuilles permet au soleil de réchauffer l'espace. Cette adaptation naturelle correspond parfaitement aux besoins d'un jardin méditerranéen.


Pour les zones de culture potagère, les tunnels d'ombrage mobiles offrent une flexibilité appréciable. Construits avec des arceaux métalliques et recouverts de filet d'ombrage, ils peuvent être déplacés selon les besoins et les conditions météorologiques. Cette mobilité permet de protéger successivement différentes parcelles selon leur stade de développement et leur sensibilité au stress climatique.


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5. Le binage salvateur : "un binage vaut deux arrosages"


Ce dicton populaire prend tout son sens en période de mistral. Le binage, qui consiste à casser la croûte superficielle du sol, devient un geste technique essentiel pour optimiser l'efficacité de vos arrosages. Lorsque le mistral souffle, il accélère la formation de cette croûte de battance qui transforme votre jardin en surface imperméable.


La technique du binage anti-mistral diffère du binage classique par sa fréquence et sa profondeur. Intervenez dès que vous observez la formation d'une pellicule durcie en surface, généralement 24 à 48 heures après un épisode de vent fort. Utilisez une binette à lame fine pour casser cette croûte sur 2 à 3 cm de profondeur, sans aller plus loin pour ne pas endommager les racines superficielles.


Le timing du binage est crucial. Idéalement, procédez le matin tôt, avant que le mistral ne reprenne de la vigueur. Cette fenêtre temporelle permet au sol de rester meuble plus longtemps et d'absorber efficacement l'arrosage du soir. Si vous devez biner par vent fort, travaillez par petites zones et paillez immédiatement après pour éviter que le sol ne se dessèche instantanément.


Pour les grandes surfaces, l'utilisation d'un cultivateur à dents souples permet de traiter rapidement de larges zones. Réglez la profondeur de travail à 3-4 cm maximum et avancez lentement pour ne pas projeter de terre. Cette technique mécanisée s'avère particulièrement efficace dans les allées et les zones de circulation où le piétinement accentue le tassement du sol.


Le binage préventif mérite d'être expérimenté dans les jardins régulièrement exposés au mistral. Cette technique consiste à biner légèrement le sol avant l'arrivée annoncée du vent, créant une surface rugueuse qui résiste mieux à la formation de croûte. Combiné à un paillage léger, ce binage préventif peut considérablement réduire les interventions d'urgence.


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6. Optimiser l'implantation et l'exposition des plantes


L'implantation des végétaux dans un jardin soumis au mistral relève de la stratégie militaire. Chaque plante doit être positionnée en fonction de sa résistance au vent, de ses besoins hydriques et de sa capacité à protéger ses voisines. Cette approche globale transforme votre jardin en écosystème résilient où chaque élément contribue à la protection de l'ensemble.


La règle de l'étagement s'avère fondamentale. Disposez vos végétaux par ordre de hauteur décroissante dans le sens du mistral : grands arbres en première ligne, arbustes en zone intermédiaire, vivaces et annuelles en zone protégée. Cette organisation crée un effet de cascade qui freine progressivement le vent et réduit les turbulences au niveau des plantes les plus fragiles.


Les plantes pionnières, naturellement adaptées aux conditions extrêmes, constituent vos meilleures alliées pour coloniser les zones les plus exposées. Les cistes, les genêts, les romarins sauvages et les thyms créent rapidement un premier rideau de protection. Une fois établies, ces espèces rustiques modifient le microclimat local et permettent l'installation progressive d'espèces plus exigeantes.


L'exposition des plantes en pot nécessite une attention particulière. Contrairement aux idées reçues, l'exposition plein sud n'est pas toujours la plus favorable en période de mistral. Une exposition sud-est ou sud-ouest, qui bénéficie du soleil matinal ou vespéral tout en étant partiellement protégée du vent de midi, s'avère souvent plus clémente. Observez les mouvements d'air dans votre jardin aux différents moments de la journée pour identifier ces zones privilégiées.


La technique du groupement protecteur consiste à rassembler les plantes sensibles dans des îlots denses plutôt que de les disperser. Cette concentration crée un microclimat plus stable où l'humidité se maintient mieux et où les plantes se protègent mutuellement. Veillez cependant à maintenir une circulation d'air suffisante pour éviter le développement de maladies cryptogamiques.


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7. Adapter la fertilisation aux conditions extrêmes


La fertilisation en période de canicule et de mistral obéit à des règles spécifiques qui diffèrent radicalement des pratiques habituelles. L'objectif n'est plus de stimuler la croissance, mais de renforcer la résistance des plantes aux stress climatiques. Cette approche préventive nécessite une compréhension fine des besoins nutritionnels en situation de stress.


Les engrais riches en potassium prennent une importance capitale. Cet élément améliore la régulation hydrique des plantes en renforçant l'efficacité des stomates et en augmentant la résistance des parois cellulaires. Privilégiez les engrais organiques à libération lente, comme la cendre de bois tamisée ou les algues calcaires, qui apportent le potassium progressivement sans risquer de brûler les racines.


L'azote, habituellement bénéfique pour la croissance, devient problématique en période de stress hydrique. Un excès d'azote stimule la production de feuillage tendre, plus sensible à la déshydratation. Suspendez tous les apports azotés dès les premiers signes de stress climatique et privilégiez les amendements organiques qui libèrent leurs nutriments lentement.


Les oligo-éléments jouent un rôle crucial dans la résistance au stress. Le silicium, souvent négligé, renforce la structure des tissus végétaux et améliore leur résistance mécanique au vent. Les algues marines, riches en silicium et en oligo-éléments, constituent un complément nutritionnel idéal. Diluez-les dans l'eau d'arrosage à raison de 2 à 3 ml par litre pour un apport régulier et progressif.


La fertilisation foliaire peut s'avérer bénéfique si elle est pratiquée avec précaution. Pulvérisez uniquement en fin de journée, lorsque le mistral faiblit, et utilisez des solutions très diluées pour éviter les brûlures. Les extraits d'algues ou les purins de plantes fermentés, dilués à 5%, renforcent les défenses naturelles des végétaux sans les stresser davantage.

8. Surveiller et anticiper les signes de stress


La surveillance des plantes en période de mistral nécessite un œil exercé et une intervention rapide. Les signes de stress hydrique évoluent rapidement et peuvent devenir irréversibles en quelques heures. Cette vigilance constante, bien que contraignante, fait la différence entre un jardin qui survit et un jardin qui prospère malgré les conditions difficiles.


Les premiers signes de stress se manifestent au niveau du feuillage. Un léger flétrissement en milieu de journée, même après un arrosage récent, indique que la plante peine à compenser ses pertes hydriques. Ce signal d'alarme précoce permet d'intervenir avant que les dommages ne deviennent visibles. Augmentez immédiatement la fréquence d'arrosage et créez un ombrage temporaire si possible.


La couleur du feuillage constitue un indicateur fiable de l'état hydrique des plantes. Un verdissement excessif, paradoxalement, peut signaler un stress : la plante concentre sa chlorophylle pour optimiser la photosynthèse avec moins de surface foliaire. À l'inverse, un jaunissement prématuré des feuilles les plus anciennes indique que la plante sacrifie ses organes les moins productifs pour économiser l'eau.


Les plantes indicatrices, particulièrement sensibles aux variations climatiques, servent de sentinelles dans votre jardin. Les hortensias, les impatiens ou les bégonias réagissent rapidement aux changements d'humidité atmosphérique. Leur comportement vous renseigne sur l'état général du jardin et vous permet d'anticiper les besoins des autres végétaux.


L'observation des sols complète celle des plantes. Un sol qui se fissure rapidement après arrosage indique une structure dégradée qui nécessite un amendement organique. Des traces blanches en surface signalent une remontée de sels minéraux due à une évaporation excessive. Ces indices vous guident dans l'adaptation de vos pratiques culturales.


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9. Protéger spécifiquement les plantes en pot


Les plantes en pot représentent les éléments les plus vulnérables de votre jardin face au mistral. Leur système racinaire confiné et leur exposition maximale aux variations climatiques en font des victimes privilégiées des épisodes de vent fort. Leur protection nécessite des stratégies spécifiques et une vigilance accrue.


Le regroupement des potées constitue la première ligne de défense. Rassemblez vos contenants par groupes de taille et d'exposition similaires, en plaçant les plus grands à l'extérieur pour protéger les plus petits. Cette technique crée un microclimat plus stable où l'humidité se maintient mieux et où les plantes se protègent mutuellement du vent desséchant.


L'emplacement des potées doit être repensé dès l'annonce d'un épisode de mistral. Déplacez-les vers les zones les plus abritées de votre jardin : contre un mur exposé sud-est, sous une pergola, ou dans l'angle formé par deux constructions. Cette mobilité, avantage principal de la culture en pot, devient un atout majeur pour la survie de vos plantes.


Le choix du substrat influence directement la résistance au stress hydrique. Enrichissez votre terreau avec des matériaux rétenteurs d'eau : vermiculite, perlite, ou granulés d'argile expansée. Ces amendements augmentent la capacité de rétention du substrat sans compromettre le drainage. Évitez les terreaux trop tourbeux qui se dessèchent rapidement et deviennent difficiles à réhumidifier.


La technique du double pot s'avère particulièrement efficace pour les plantes les plus précieuses. Placez le pot de culture dans un contenant plus grand, en comblant l'espace avec de la tourbe humide, de la sphaigne ou des billes d'argile maintenues humides. Cette isolation thermique et hydrique protège les racines des variations brutales de température et maintient une humidité constante autour du pot.


L'arrosage des potées par mistral nécessite une approche particulière. Privilégiez l'arrosage par immersion pour les petits contenants : plongez le pot dans une bassine d'eau jusqu'à ce que des bulles cessent de remonter à la surface. Cette technique garantit une hydratation homogène du substrat, même s'il s'est fortement desséché.


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10. Planifier la récupération post-mistral


La période qui suit un épisode de mistral intense est cruciale pour la récupération de votre jardin. Les plantes, affaiblies par le stress, deviennent particulièrement sensibles aux maladies et aux parasites. Une stratégie de récupération bien planifiée permet de limiter les dégâts à long terme et de préparer le jardin aux prochains épisodes climatiques.


L'évaluation des dégâts doit être méthodique et complète. Commencez par identifier les plantes les plus touchées : feuillage grillé, branches cassées, déracinement partiel. Cette hiérarchisation vous permet de prioriser vos interventions et d'allouer vos ressources aux végétaux qui ont le plus de chances de récupérer.


La taille de récupération obéit à des règles précises. Supprimez immédiatement toutes les parties mortes ou irrémédiablement endommagées, en coupant toujours dans le bois sain. Désinfectez vos outils entre chaque plante pour éviter la propagation de maladies opportunistes. Pour les arbustes sévèrement touchés, n'hésitez pas à tailler drastiquement : une taille sévère stimule souvent une repousse vigoureuse.


La réhydratation progressive constitue un point clé de la récupération. Évitez l'arrosage massif immédiat qui pourrait choquer des plantes déjà affaiblies. Procédez par étapes : humidification légère du feuillage en fin de journée, puis arrosage modéré au pied, et enfin retour progressif au régime d'arrosage normal sur une semaine.


Les traitements de soutien accélèrent la récupération. Les stimulateurs racinaires à base d'algues ou d'acides humiques aident les plantes à reconstituer leur système racinaire endommagé. Les pulvérisations foliaires d'extraits de prêle renforcent les tissus végétaux et améliorent leur résistance aux stress futurs.


La surveillance post-stress doit être maintenue plusieurs semaines après l'épisode de mistral. Les plantes affaiblies deviennent des cibles privilégiées pour les pucerons, les cochenilles et les maladies cryptogamiques. Une détection précoce de ces problèmes secondaires permet d'intervenir rapidement et d'éviter leur propagation à l'ensemble du jardin.


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